Les Conditions De Vie Avant La Chute Du Mur :

24 février 2008

Les Conditions De Vie Avant La Chute Du Mur : Berlin Ouest & Berlin Est

Berlin Est

Berlin Ouest

2 Systèmes politiques & économiques différents

Berlin Ouest connait une situation particulière au sein de l'Allemagne. En effet, c'est une zone " isolée " , " enclavée " au centre de la RDA ; n'appartenant pourtant ni à celle-ci, ni à la RFA mais autonome, dirigée par les occidentaux ( avec un secteur britannique, un français & un américain ). Cette partie ouest de la ville, îlot du « Monde libre » (selon la terminologie occidentale) au milieu d'un « Océan communiste », sera très vite promue comme vitrine du système capitaliste et fut donc, à ce titre, massivement subventionnée par le gouvernement de la RFA naissante, aide qui couvraient plus de la moitié de son budget. L'isolement physique de cette partie de la ville n'entame en rien le dynamisme économique, social et culturel de ses habitants, bien au contraire. La partie occidentale devient plus exubérante et plus libertaire encore. Grâce à ses mesures, Berlin ne tarde pas à retrouver le dynamisme qu'elle avait auparavant. Même si historiquement, l'industrie a toujours eu un poids important dans l'économie locale et notamment lors de la reconstruction et développement économique de la ville; les sociétés de service laissèrent aussi leurs empreintes et s'inscrivirent parmi les plus gros employeurs. Mais se fût cependant la fonction publique qui resta le premier pourvoyeur d'emploi. Son maire, Willy Brandt, est également le chancelier de la RFA, d'où les relations entretenues entre la ville et celle-ci. Celui-ci dirigera l'Allemagne de l'Ouest de 1969 à 1974 avec une volonté d’instaurer des rapports de coopération avec la RDA (politique nommée : ostpolitik). d’inflation couplée à une croissance médiocre.

Le système économique & politique de Berlin Ouest et de la RFA repose donc sur le principe de l’économie sociale de marché où les gouvernements essaient de concilier libéralisme économique et mesures sociales. De 1973 à 1989, les acteurs de l’économie ont connu des crises. Ils ont instauré des plans de stabilisation pour maîtriser l’inflation et relancer l’activité de production des entreprises. Dans un premier temps, ils doivent lutter contre les dépenses énergétiques et trouver des substituts au pétrole qui devient une matière première Les mesures conjoncturelles étant insuffisantes en termes de résultats, le gouvernement d’H. Schmidt prend des mesures et réformes structurelles. C’est le gouvernement d’H. Kohl avec un programme plus conservateur et une reprise de l’activité mondiale qui connaîtra des succès face aux difficultés.

La RFA vue par elle même : " Le système économique de l'Allemagne fédérale après la seconde guerre mondiale s'est réalisé dans le cadre d'une économie de marché dont l'évolution est globalement contrôlée. Ce système se caractèrise par une distanciation par rapport au "laisser faire" ancienne manière, mais aussi par l'existence de freins au dirigisme étatique. Cela est dû au fait qu'il associe la libre entreprise individuelle aux principes modernes du progrès social. La Loi fondamentale, si elle garantit la libre entreprise et la propriété privée, n'en assujettit pas moins ces droits fondamentaux aux contraintes sociales. Selon la formule qui caractérise les interventions étatiques, " le moins possible, et pas plus que nécessaire", le rôle de l'Etat doit, dans le cadre de l'économie de marché, se limiter à la tutelle du système (...). La condition essentielle au bon fonctionnement des mécanismes économiques est la libre concurrence, sans laquelle aucune économie de marché ne peut se développer. Mais la compétition est fatiguante. C'est pourquoi il est compréhensible que, du côté des entrepreneurs, l'on cherche toujours à éliminer la concurrence, soit par des accords réciproques, soit par des fusions de sociétés. Ce sont des opérations qu'une loi idoine, (...) veut empêcher, en interdisant ententes et accords qui affectent la liberté du marché en limitant la concurrence. " Tiré de : L'Allemagne se présente. La République fédérale d'Allemagne, Lexicon-Institut, Bertelsmann, 1988

Berlin Est & la RDA : Après la création du mur, la RDA était dirigée par Walter Ulbricht qui tenta de donner à l'économie une plus grande efficacité avec le Nouveau Système Economique de Planification et de Direction (Neues Ökonomisches System der Planung und Leitung), plus tard Nouveau Système Economique (NSE), mis en place dès 1963 avec son conseiller en économie, le Dr. Wolfgang Berger. . Il ne s'agissait pas uniquement de favoriser la responsabilité, mais aussi de permettre aux question concrètes d'être résolues où il fallait. Un de ses principaux chevaux de bataille était la direction de l'économie et de la politique, entre autres aux moyens de la "cybernétique", d'éléments de psychologie et de sociologie, mais avant tout sur la base des sciences naturelles et de la technique. Le Nouveau Système Economique fut le plus grand succès d'Ulbricht, le taux d'accumulation était plus haut que jamais et la croissance de l'économie populaire (Volkswirtschaft) était pendant cette phase plus importante qu'en RFA. Le NSE rencontra cependant des résistances plus importantes au sein du parti à partir de 1965. Théoriquement, le socialisme n'était pas pour Ulbricht une courte période de transition vers le communisme mais bel et bien une "formation socio-économique relativement indépendante dans l'époque historique de transition vers le communisme à l'échelle mondiale", ce qu'on retrouve dans le terme de "communauté socialiste des Hommes";terme disparu rapidement après sa mort. Après des dissensions avec des membres de la direction du parti dans le domaine de la politique économique et des affaires étrangères en 1970, Ulbricht trouva sa position au sein du parti affaibli. En 1971, il fut contraint de se retirer de presque toutes ses fonctions "pour des raisons de santé".

A partir de mai 1971 Erich Honecker le remplace au poste de Premier Secrétaire du Comité Central. En juin il est nommé président du Conseil National de Défense et en novembre il est membre du conseil d'Etat, dont il devient le chef en octobre 1976 après que sa position dans le Parti est rebaptisée "Secrétaire Général". Il cumule alors les fonctions de chef du parti (SED) et de l'État. A partir de 1979 il s'investit manifestement dans la crise Est-Ouest pour ne pas laisser les tensions internationales détériorer les relations RFA-RDA. Il est soutenu dans cette action par les chanceliers ouest-allemands Schmidt et Kohl. Lors de la révolution pacifique en RDA, Honecker, qui s'était toujours accroché à ses positions antiréformistes, est remplacé aux postes de Secrétaire Général du SED et de Président du Conseil d'État en octobre 1989.

La RDA favorisait donc une économie basée sur le socialisme et appelée NSE, celle-ci permettant une augmentation de la croissance économique, le centralisme bureaucratique et la planification économique deviennent les piliers de sa politique. Elle veut montrer qu'elle développe une économie solide et elle occupera longtemps une position importante dans le bloc communiste. Son but est également de rétablir le contact avec Berlin Ouest & la RFA afin d'améliorer les relations et de penser à une réunification.

La RDA vue par elle même : " La base de l'économie est constituée par la propriété sociale des moyens de production (...). Le développement économique est conditionné pour réussir l'unité harmonieuse entre la politique économique et la politique sociale. L'efficacité croissante de l'économie constitue le solide fondement sur lequel se construisent le plein emploi, l'assurance sociale, un meilleur bien-être pour le peuple, un haut niveau d'éducation accessible à tous, de même que la science et la culture. " Tiré de : La RDA se présente, Panorama RDA, 1989

Les conditions de vie des " deux Berlin " : le principal objectif des habitants de l'Est : rejoindre l'Ouest.

policiers gardant le passage du mur de Berlin Est à Berlin Ouest

Les années " rideau de fer " furent marquées par un grand nombre de tentatives de passage de Berlin Est vers Berlin Ouest. Mis en place par la RDA afin de stopper l'exil de ses habitants vers l'Ouest, il provoqua, chez les Berlinois de l'Ouest de vives manifestations, causant de nombreux décès, de nombreux abandons de maisons,... Cependant ils finirent par se résigner, survivant grâce aux subventions de la RFA et appelant de la main d'oeuvre immigrée pour compenser la perte de leurs habitants. Des familles sont séparées, détruites par ce mur, dont la présence empêchait toute communication.

Nombre d'habitants de l'Allemagne de l'Est tentèrent de franchir ce mur, 5043 , surnommées " brise-mur " réussirent, environ 6000 personnes furent arrêtées sur le chemin de l'Ouest et emprisonnées , et 943 furent tuées en essayant de passer le Mur illégalement, abattues par des gardes, d'autres se sont noyées dans la Spree et d'autres se sont suicidées, sans compter les centaines de personnes blessées.

Pour franchir ce mur les moyens étaient divers et tout aussi improbables les uns que les autres : à certains endroits, la frontière était constituée par les murs des maisons, Certains habitants ont donc pu gagner l'ouest simplement en passant par les fenêtres de ces maisons avec des draps noués. D'autres quant à eux, ont utilisé des ballons ou encore de petits aéronefs. Certains creusèrent des tunnels ou encore, se dissimulèrent dans des malles. Le mur sera défoncé 14 fois par des poids lourds. En 1961, 24 personnes réussissent à le franchir en train. En 1962, 14 Berlinois de l'Est réussissent à traverser la Spree malgré les coups de feu. Mais l'évasion la plus spectaculaire reste celle de 1964 : 57 Berlinois de l'Est réussissent à franchirent en passant en dessous du mur. Ils sont passés dans un tunnel de 140 mètres. Parmi les procédés la voiture permet aussi de s'échapper.

personne arrêtée par les policiers après avoir essayé de franchir le mur, sans succès

personnes essayant de " casser " le mur pour fuir berlin Est

Cependant au cours du temps, des " autorisations " de passage de l'Est vers l'Ouest furent instaurées.

- En 1961, Les retraités est-allemands peuvent visiter leur famille à l'Ouest 1 fois par an.

- En décembre 1963, le Sénat a obtenu l'accord des autorités allemandes de l'Est pour permettre à des milliers de Berlinois de l'Ouest de rendre visite à leurs proches pour les fêtes de fin d'année, ou pour des événements (naissances, mariage, décès…) permettant ainsi des " retrouvailles " entre les familles déchirées par ce rideau de fer.

- Le 11 novembre 1989, lors de la chute du Mur, nombre de Berlinois se rejoignent & escaladent ce qui reste du mur, se retrouvant, après pour certains d'entre eux, plus de 28 ans d'absence.